13/09/2025
Exposition photographique du 16 au 30 septembre à la MJC Palente (Besançon - BFC)
Réalisée dans l'esprit de lutter contre les discriminations subies par les Gens du Voyage, cette exposition montre des voyageurs dans leur cadre professionnel. Ils sont mécaniciens, paysagistes, vendeurs ambulants, tatoueurs, éducateurs... Une diversité de métiers qui fait mentir les idées reçues sur cette frange de citoyens français qui ne travaillerait pas et viverait de petits larcins.
De Bacro à Marina, cette expo nous résume la vie de chacune des 11 personnes rencontrées... Pourquoi ce métier plutôt qu'un autre? Pourquoi si peu de salariés? Quelle est l'influence de la scolarité sur les métiers? Comment la culture nous influence ? Le regard des Gadjé...
Autant de questions et bien d'autres encores qui trouveront réponses en déambulant au coeur de cette exposition évolutive (les prises de vue se poursuivent) qui comporte pour le moment 33 clichés qui nous familiarise avec des gens que la société française ignore ou rejette. Pourtant, ils sont des citoyens français comme les autres...
Photos et texte : Jérôme Gaillard pour l'Association Régionale Gens du Voyage - Gadjé de Bourgogne Franche-Comté
28/08/2025
Un article fort intéressant a été publié hier par le média, The Conversation France (l'expertise universitaire, l'exigence journalistique)
Si William Acker, à travers son ouvrage "Où sont les gens du voyage ?" avait cartographié les aires d'accueil sur le territoire national en en montrant la proximité avec des lieux pollués, malodorant ou pouvant être dangereux (centrale nucléaire, déchèterie, usine, station d’épuration, etc.), ici, Conversation va plus loin et s'appuie sur une étude publiée par Naturecities pour démontrer la réalité statistique et derrière, probablement, une volonté économique et politique de discriminations environnementales...
Dans un premier temps, on apprend que :
"En France, depuis la loi du 5 juillet 2000, dite loi Besson, la participation à l’accueil des gens du voyage est obligatoire pour les communes de plus de 5 000 habitants. Mais cette nécessité est, dans les faits, peu respectée. Les derniers chiffres officiels de la DIHAL font état des éléments suivants : seuls 12 départements sur 95 respectent les prescriptions prévues par leur schéma."
Et puis les statistiques tombent :
"Les aires sont concentrées dans les communes les plus exposées aux nuisances environnementales…"
"55 % des communes accueillant une aire abritent une usine très polluante, contre 34 % des communes qui n’en accueillent pas. Concernant les déchetteries, ces proportions s’élèvent à 64 % et 47 %, respectivement."
"Par ailleurs, les communes dans lesquelles la valeur locative des logements (qui reflète le prix du marché) est plus élevée sont moins susceptibles d’accueillir une aire."
"Les zones autour d’une aire ont trois fois plus de probabilité d’être à proximité d’une déchetterie (moins de 300 mètres) et plus de deux fois plus de probabilité d’être à proximité d’une station d’épuration ou d’une autoroute (moins de 100 mètres). Elles ont aussi 30 % de risque supplémentaire d’être proches d’un site pollué et 40 % d’être à proximité d’une usine classée Seveso (présentant un risque industriel)."
"les aires sont souvent implantées là où les loyers sont bas et l’accès aux services publics limité. "
"Au final, il est plus que probable que les discriminations environnementales que nous documentons résultent d’une combinaison de stratégies d’exclusion délibérées et d’objectifs de réduction des coûts."
Jérôme Gaillard, chargé de communication de l'Association Régionale Gens du Voyage - Gadjé de BFC
Article à retrouver ici : The Conversation
Photo d'illustration : Pixabay
26/08/2025
Les historiens, sociologues, spécialistes des questions tsiganes ne disposent pas d'éléments sûrs et tangibles sur la déportation dont les Gens du Voyage ont fait l'objet, en Europe, donc y compris en France, pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais il apparaît comme probable que près de 25 % de la population voyageuse européenne ont été déportés ou exterminés. Un Tsigane sur quatre. Au vu du grand des membres qui les composent, aucune famille n'a été épargnée. Ceux qui ont pu éviter les camps de concentration ou l'extermination, ont été confinés dans des camps d'internement (ce fut le cas en France), où même sans fours crématoires, le taux de mortalité était très élevé. D'aucuns pourraient dire que ce furent des zones de parcage en attendant la tournure que prendrait la guerre. D'autres, opteront pour les considérer comme des mouroirs. Au-delà de la déportation, de l'internement ou de la mort, il y a eu au préalable, la spoliation des biens appartenant aux Gens du voyage. Spoliation, vol, appropriation violente et illégale du bien d'autrui. Du jour au lendemain vous n'êtes plus rien, vous n'avez plus rien. Les chances de survie dans de telles conditions ? Là, non plus, l'Histoire est démunie pour en apporter les éléments suffisamment clairs et constitutifs, ce qui ne veut pas dire qu'elle nie pour autant ces événements. Mais dans un tour de passe-passe dialectique, le fait de ne pas nier n'empêche pas de minimiser, relativiser, voire réduire à sa portion congrue. Car après ce premier niveau de discrimination lié à leur déportation, internement ou extermination, s'ajoute celui de la non-reconnaissance officielle, ou en tout cas, pleine, de ces derniers. Après la guerre, les Nations Unies ont pourtant décrété que les pays concernés par ces faits, devaient procéder à des programmes de dédommagement pour les descendants des victimes des persécutions nazies, en y incluant donc les Gens du Voyage. La réaction a été lente. Après plus de deux décennies de mémoire oublieuse, l'Allemagne (République fédérale à l'époque) a reconnu sa responsabilité. Mais partielle car elle ne concernait (et ne concerne toujours) que les déportations et exterminations entre 1943 et 1945. Quid des précédentes, sachant que comme pour tous les autres groupes communautaires victimes du nazisme, les spoliations, passages à tabac, déportations et internements avaient commencé en 1939, voire avant ? Cette semi-reconnaissance a tout du moins le mérite de représenter un pas en avant pour enfin un jour écrire l'Histoire telle qu'elle fut. D'autres pays ont suivi les attendus des Nations-Unies... D'autres pays, sauf un... Et oui, la France a mis plus de 60 ans à reconnaître, d'une voix un peu enrouée, sinon la réalité, l’ampleur du génocide tsigane. Dans les années 2000, cela devait entraîner des compensations financières. Nombreux collectifs ont alors appuyé cette démarche, et non des moindres, avec la participation du Défenseur des Droits, autorité indépendante, ou de la LICRA. Un engagement citoyen, militant et pluriel pour arriver en septembre 2020, à une fin de non-recevoir de la part des sages du Conseil d’État, à toute demande visant à ouvrir la voie à un processus d’indemnisation des familles tsiganes, victimes de spoliation durant la Seconde Guerre mondiale. Les raisons de cette décision sont nombreuses et longues à détailler. Certaines relèvent la non-systématisation des persécutions à l'encontre des Tsiganes, contrairement aux Juifs ou à d'autres groupes-cibles (communistes, homosexuels, Témoins de Jéhovah). D’autres rappellent à l’envi que la France d'après-guerre n'était pas celle du régime vichyste et n'avait pas à assumer une quelconque responsabilité pour des actes qu'elle n'avait pas commis. Quoi qu'il en soit, la situation est là et bloquée. Et elle aboutit à un deuxième niveau de discrimination contre les Gens du Voyage. La non-reconnaissance d’atrocités qui ont décimé des familles, réduit d’un quart une composante humaine européenne, sauvagement battus et assassinés des individus, après les avoir dépouillé de tout (ou du peu) qu’ils possédaient, réduit d’un quart un groupe humain, européen depuis cinq siècles. Nous le répétons, toute victime, quelle qu’elle soit, mérite compensation. Nous pourrions même nous contenter de « respect ». Mais dans cette affaire comme dans d’autres, cette logique relevant des Droits inaliénables de l’Homme semble échapper aux monde des Gens du Voyage.
Daniel-Emile MILLIER, Directeur de l'Association Régionale Gens du Voyage-Gadjé de Bourgogne Franche-Comté
Photo d'illustration : Roms entourés par des gendarmes à Noyon (Oise). Archives départementales de l’Oise, 2 UP 584 © D. R.
01/07/2023
A ce jour, les Gens du voyage appartiennent à un groupe social, culturel ou ethnique transgénérationnel distinct, qui fait l’objet de représentations fortes, le plus souvent négatives, dans la population sédentaire. Ils posent une question sociétale très tendue, à la croisée d’enjeux de l’altérité, de l’interculturalité, du vivre ensemble. Les Gens du voyage qui stationnent régulièrement sur les aires d’accueil ou de façon illicite vivent en majorité dans des conditions très précaires et dans la promiscuité. Un nombre important de ces familles espèrent améliorer leurs conditions de vie en s’installant sur des terrains aménagés (publics ou privés).
L'accès au logement peut également être pertinent (vieillissement, personnes en situation de handicap, etc.). Dans ce contexte difficile, nous nous devons de faire vivre la citoyenneté, la démocratie. Notre projet vise à l’amélioration des conditions de vie des familles et à leur meilleure inclusion sociale au sein de la société. Il s'agit d'accompagner les collectivités locales (Établissements Publics de Coopération Intercommunale) en charge de l'accueil et de l'habitat des Gens du voyage dans la réalisation des objectifs du schéma départemental, de faire remonter les besoins et attentes des familles et de jouer un rôle d'intermédiation . Le soutien à la parentalité (scolarisation), l'insertion des jeunes et l'accès aux parcours de soins sont également des enjeux forts. Il s'agit enfin de proposer des activités sur les lieux de vie des Gens du voyage, mais également de les amener à fréquenter des structures de droit commun (centres sociaux, clubs de sport, garderie/cantine, etc…). En effet, ces structures ne sont pas adaptées à cette population et à sa culture, s’il n’y a pas derrière un accompagnement avec des personnes ayant établi un lien et une relation de confiance.
L'association a identifié ces besoins par une remontée d'informations de ses administrateurs Gens du voyage et dans le cadre dans le cadre de l'accompagnement social des familles. Besoins identifiés par les élus des EPCI, du Conseil départemental et les services de l’État (inscrits dans le Schéma départemental d'accueil et d'habitat des Gens du voyage).
Présentation des finalités / résultats attendus du projet :
- Accompagner la mise en place des plans d'actions territoriaux pour l'habitat des Gens du voyage: aider au montage des opérations portées par les EPCI, faire le lien avec les familles (participation à la définition des projets, information sur le cadre réglementaire, le calendrier,...).
- Accompagner les propriétaires privés précaires pour l'amélioration de leurs conditions de vie: repérage des situations, définition des besoins, demande de devis auprès d'entreprises locales, instruction des demandes d'aide financière auprès de la Fondation Abbé Pierre et d'autres financeurs potentiels (syndicat des eaux, etc.), gestion des fonds alloués, suivi des travaux.
- Favoriser l'inclusion sociale des familles (habitants d'un territoire) par des interventions de proximité sur des domaines les plus larges possibles: de l'intermédiation, l'intégration dans la vie de la cité, le soutien à la parentalité, l'insertion ^professionnelle, l'accès à la culture, aux loisirs et aux sports, la prévention santé, etc.
- Préserver les ressources naturelles par une sensibilisation aux gestes éco-responsables (économie d'énergie, économie d'eau, tri des déchets, assainissement des eaux usées, etc.). Détaillez le contenu de votre projet - Travail sur les projets résidentiels avec les Gens du voyage pour définir des solutions d’habitat
- Accompagnement des EPCI pour la production d'habitat adapté (terrains familiaux, etc.)
- Accompagnement des familles déjà installées sur des terrains privés pour améliorer leurs conditions de vie
- L'accès au logement adapté ( appartements avec rez de jardin, maison individuelle)
- L'inclusion sociale des familles par un accompagnement de proximité
Quelles sont les actions mises en œuvre ou envisagées dans le cadre de ce projet pour veiller au respect de l’égalité femmes-hommes, à l’absence de discrimination et à l’ accessibilité des personnes handicapées ?
Un des problèmes spécifiques aux femmes Gens du voyage est que pour la majorité d'entre elles, exercer une activité en dehors des lieux de stationnement n'est pas prioritaire en particulier pour les raisons suivantes : Elles ont la responsabilité de s'occuper des enfants et des taches de la vie quotidienne. Elles ont le souci aussi de prendre soin des personnes âgées de leurs familles. Pour autant, il est opportun de proposer des actions à destination des femmes. Les priorités exprimées par les femmes concernent surtout les actions suivantes : Lire et écrire, La mobilité, Besoin de se familiariser à l'informatique, Faire activités spécifiques aux femmes, Se changer les idées pour lutter contre l'anxiété. Détaillez le calendrier de votre projet L'accompagnement des familles Gens du voyage en voie de sédentarisation existe depuis de nombreuses années, mais l'intensification du phénomène et les forts besoins constatés imposent la création d'un service dédié spécialisé.
Date de mise en œuvre prévue : 1er juillet 2023 au 31 décembre 2024.
Photo © Jérôme Gaillard pour l'Association Régionale Gens du Voyage - Gadjé de Bourgogne Franche-Comté